Un pont pour Sion

Notre réponse au concours du Pont de la Drague à Sion rendu en septembre 2022.
Engagés en tant qu’ingénieur et architecte, la proposition réponds aux attentes élevés de durabilité par un projet adapté au site et intégrant des solutions innovantes.

Concept

Situé dans la périphérie industrielle au sud de la ville de Sion, le pont de la Drague s’inscrit dans un contexte en cours de mutation marquée par le développement du quartier de Ronquoz 21 et le réaménagement des espaces publics et des berges du Rhône. Plus qu’un simple franchissement routier, le pont est conçu comme un pont urbain, fonctionnel pour les véhicules, et un pont de loisir, agréable pour les piétons. Le positionnement de la structure porteuse privilégie les chemins de mobilités douces : les poutres treillis situées entre les trottoirs et les voies de circulation différencient les usages et protègent les piétons marchant sur l’ouvrage du trafic rapide et bruyant des véhicules ; le positionnement des poutres en parties supérieure de l’ouvrage dégage d’agréables gabarits pour le cheminement le long des berges. Le pont de la Drague prend une place secondaire dans le dialogue au sein du site avec le pont autoroutier haubané de Chandoline. Les ouvrages annexes sont traités d’un geste commun, continu avec le franchissement principal, offrant un langage unifié, valorisant les berges. La continuité du pont sur trois travées, optimise et réduit les efforts dans la structure tout en rendant possible une construction simplifiée, par encorbellement sur le Rhône.

Pont de la Drague - Rendu photo - Élévation longitudinale

Structure porteuse

Le pont de la Drague est un pont continu sur trois travées composé de deux poutres en treillis de hauteur variable situées en partie supérieure du tablier. Le dessin des poutres suit et optimise les efforts dans la structure. Les poutres en treillis sont réalisées par un caisson inférieur, des diagonales en tubes et un caisson supérieur positionné à une hauteur variable. Les diagonales disposées en ciseau alternent entre un tube large comprimé et deux tubes fin tendus. L’inclinaison des diagonales est variable et suit les efforts : les diagonales s’inclinent lorsque les efforts diminuent et se redressent lorsqu’ils augmentent. Le tablier est une dalle orthotrope mince dont la poutraison a été simplifiée pour permettre l’usage de profilés oxycoupés de réemploi. Tous les éléments sous le tablier sont réalisés en béton armé.

Pont de la Drague - Élévation longitudinale

La durabilité comme éthique constructive !

La durabilité est intégrée dans le projet du pont de la Drague comme éthique constructive : elle est le critère d’appréciation et de validation de tous les choix architecturaux et structuraux. Elle est traitée selon une définition large, basée sur les principes traités dans les chapitres suivants.

Principe 1 – Longévité de la structure porteuse

L’acier confère au pont une durée de vie importante. Les détails proposés de géométrie simple et soudés limitent les dégradations et facilitent l’entretien.

Détail nœud - Axonométrie

Principe 2 – Optimisation de la structure

L’impact environnemental est réduit grâce à une structure optimisée, de hauteur variable, exploitant les performances mécaniques de l’acier de manière maximale. Cela se traduit par une hauteur d’ouvrage variable permettant aux membrures inférieures de supérieures de suivre les efforts de flexion ; pour les diagonales, l’inclinaison varie afin d’assurer une reprise efficace de l’effort tranchant à proximité des appuis.

Pont de la Drague - Rendu photo - Vue pilier

Principe 3 – Matériaux à faible impact : acier de réemploi et de recyclage, bois et béton bas-carbone

Le pont a été conçu pour permettre l’usage de matériaux à faible impact. Le tablier en dalle orthotrope a été simplifié pour rendre possible l’usage d’acier issu de profilés de réemploi oxycoupés. Les parties d’ouvrages pour la mobilité douce sont prévues en acier S235 pour rendre possible l’emploi d’acier 100% recyclé et
le platelage est prévu en bois, ce qui réduit fortement l’impact dû à l’enrobé bitumineux. Pour les bétons, les exigences de durabilités accrues favorisent l’usage de béton de ciment CEM III à composés pouzzolaniques à faible impact CO2.

Ces choix permettent de réduire d’une manière importante l’énergie grise de l’ouvrage et les émissions de gaz à effet de serre. Les analyses de cycle de vie conduites sur l’ouvrage montrent qu’en comparaison à une variante de pont béton en caisson, l’impact en CO2-équivalent est réduite par un facteur 2 à 3 !

Pont de la Drague - Rendu photo - Vue tablier

Principe 4 – Circularité et modularité

Le choix de l’acier permet la réparation aisée de l’ouvrage en cas de dégradation et le recyclage en fin de vie de l’ouvrage. De plus, les voies de mobilités douces prévues démontables et remplaçables sont traitées de manière différenciées avec la structure porteuse principale ce qui permettra au pont de la Drague d’être remis à jour pendant plusieurs siècles à faible coût environnemental et économique.

Montage par encorbellement, sans échafaudages ni pieds dans l’eau

La proposition sur trois travées continues permet, après la construction des deux travées sur les rives du Rhône, le montage en encorbellement, étape par étape, de la partie centrale au-dessus du Rhône. Ce séquençage permet d’ajuster, par vérinage sur les appuis de culées, la position en altitude de l’ouvrage, ce qui permet d’assurer la précision nécessaire au montage de la dernière partie centrale de l’ouvrage. Les voies piétonnes, légères, sont installés dans un second temps.

Pont de la Drague - Situation

Phase : Concours
Partenaire architecte : drstudio
Partenaire ingénierie civile : Holinger Sion
Crédit graphique rendus : Pedro Maiurano

Nos coopérateurs ont participé au projet pour les parties :
Ingénierie civile
Architecture